Vous tentez de nous tirer du nez ! Deux femmes se sont lancées dans une grande discussion. Téléphoner pouvait m’attirer des problèmes : me valoir le retrait de mon habilitation au secret. … Parfaitement, je défends le pouvoir soviétique, le pouvoir du peuple ! La vodka était plus appréciée que l’or. 59 curies. Je pouvais manger de la neige en guise d’eau, ne pas sortir de la rivière, l’été, plonger cent fois… Leurs enfants ne peuvent pas manger de la neige. Chaque animal était numéroté et affecté à une famille donnée. Nos responsables avaient plus peur de la colère de leurs supérieurs que de l’atome. Toutes les notes sont des traducteurs. On nous distribuait des tabliers de caoutchouc recouvert d’une pellicule de plomb pulvérisé. J’ai mesuré la thyroïde de mon fils : 180 microröntgens à l’heure. L’ai est peut-être pur, mais les doses énormes ! Avec Marx, Engels, Lénine et des drapeaux rouges… On a retrouvé un gars dont on croyait qu’il s’était enfui, dans les buissons, deux jours plus tard. Ils venaient au monde, faisaient l’amour, gagnaient leur pain dans la sueur, assuraient la lignée, attendaient les petits-enfants et. Les enfants étaient tristes. C’est intéressant de suivre l’évolution de ses propres sentiments. Les enfants pensent à la mort alors qu’il s’agit d’une chose à laquelle on réfléchit à la fin de sa vie, pas au début. Faites-le ! vendredi 20 janvier 2017. Se soumettre à la foule, est-ce la solution ? L’atmosphère sera saturée de fumée. 11. Ils organisaient des défilés, des manœuvres. Monologue d’un défenseur du pouvoir soviétique : Il n’a pas donné son nom. » J’ai demandé aussitôt (184) où l’on m’envoyait. Des cartes secrètes, des plans d’évacuation étaient conservées dans des coffres-forts, sous scellés. Pourquoi se taisent-ils ? Une première idée nous est, venue : l’enveloppe de l’un des éléments calorifères avait perdu son étanchéité dans la zone active. « Oui, répond l’un des Allemands qui parle russe. La première annonça qu’elle partait le lendemain avec ses enfants, chez ses parents. Vous embrouillez les gens. (192) L’homme s’en était allé pour toujours de ces endroits et nous étions les premiers à visiter ce « pour toujours ». Après la guerre, je suis rentrée du camp de concentration… J’ai survécu. Nous avons émis des hypothèses… Que les extraterrestres étaient au courant de la catastrophe et nous sont venus en aide… Que c’était une expérience cosmique qui donnerait naissance à des enfants géniaux… À moins que les Biélorusses ne disparaissent de la surface du globe comme d’autres peuples avant eux : les Scythes, les Sarmates, les Cimmériens… Nous sommes des métaphysiciens… Nous ne vivons pas sur terre, mais dans un monde de rêves et de bavardages. Des slips de plomb ! 14. Mais nous y sommes allés. À faire des enfants ? En passant à travers ces villages vides, on éprouve tellement le désir de rencontrer quelqu’un. Voilà bien l’erreur de tous les humanistes…Vous voulez savoir ce qu’est Tchernobyl ? Mais ce n’est pas vrai. Les gens étaient pendus aux nouvelles. Il y avait installé son matelas et son oreiller. Et la valeur de la vie humaine est réduite à zéro. » dis-je à nos hôtes. une fuite ? La cour s’est vidée aussitôt. « Ne sois pas si pressé, m’a-t-on dit. Mais c’est « je » ! Mais tu n’aurais pas dû écrire (216) à Moscou. Le déluge pouvait bien subvenir, on n’en avancerait pas moins d’un pas révolutionnaire ! J’ai vu comment d’autres gens se conduisaient. Après, c’était : « Ah ! Je l’ai quittée et je l’ai retrouvée une fois de plus dans ce monde. » … Avant de monter sur le réacteur, le commandant nous a réunis pour le briefing. La prédestination de notre peuple pour n’importe quel malheur. Mais ma fille y fait des sauts, comme si elle voulait se faire à l’idée… Nous aurions pu partir d’ici, mais mon mari et moi, nous avons réfléchi et y avons renoncé. De l’iode ordinaire. » Il y a du romantisme dans ces mots. . [Svetlana Alexievitch] -- Journaliste biélorusse, l'auteur a enquêté pendant trois ans et interrogé les hommes et les femmes de Tchernobyl pour reconstituer leurs sentiments et leur état d'esprit. On me téléphonait à la maison, pour me menacer : « Arrêtez de faire peur aux gens, professeur. Et vous prenez des photos. Et pareillement le 9 mai, le jour de la Victoire. C’est aujourd’hui que la science de l’énergie nucléaire est humiliée et couverte de honte. La dose à l’entrée des bâtiments était de près de 3 milliröntgens par heure. Rien qu’aux faits ! Il y avait une nouvelle situation d’exception pour justifier la pénurie et le rationnement. Le secret s’étendait à moi aussi. Tableau des oeuvres, 4e partie. Cette peur éternelle que l’on nous ait inculquée pendant des décennies ! La Supplication Tchernobyl Chroniques Du Monde Aprs L. La Supplication Tchernobyl Chroniques Du Monde Aprs L. La Supplication Tchernobyl Chroniques Du Monde Aprs L. La Supplication Tchernobyl Chronique Du Monde Aprs L. Les Livres De 1 / 17 Vous avez probablement atteint le site référençant le plus de citations en langue française: une collection de 39.802 citations par plus de 2.312 auteurs. On ne peut pas dire que l’on dissimulait les choses volontairement. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse (en russe : Чернобыльская молитва. Pour fonder celle-ci, l’argumentation analyse chacun des « Requiems » et met en évidence la réflexion théologique, explicitement présente dans les écrits de Stravinsky et dans la correspondance de Frank Martin, qui a accompagné leur travail de composition. Une voisine m’a dit en chuchotant que Radio Liberty parlait d’un accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Après les deux premiers verres, la plupart soupiraient en se souvenant de leurs femmes et de leurs enfants ou se plaignaient du travail et pestaient contre les chefs. Plus personne. Svetlana ALEXIEVITCH La Supplication . C’était très grave, cela représente la limite admise dans des locaux soumis à l’irradiation pour une durée de travail ne dépassant pas 6 heures. Je ne pourrai jamais abandonner le sujet. Deux à trois gouttes pour les enfants dans un demi-verre d’eau. Il suffisait qu’on dise : « Camarades, ne cédez pas aux provocations, tonnait la télé, jour et nuit » et les doutes se dissipaient… La compréhension philosophique de Tchernobyl est encore devant nous. Il fallait sauver tous ces gens ! Remets au lavage le linge qui sèche sur le balcon… dilue deux gouttes d’iode dans un verre d’eau. Résumé et citations, 8e partie, p. 176 à 199. Mais moi, je suis physicien et j’ai une bonne connaissance des conséquences de la catastrophe. Il m’appelle souvent. Sous les démocrates… Deux caisses de vodka… Gratuitement ! Une introduction générale qui situe le thème dans l'histoire de la pensée et analyse les différentes problématiques qu'il recouvre. Ma femme avait donc tout compris. Autres citations : Pour neutraliser les radiations, on vous avait donné une… Pour neutraliser les radiations, on vous avait donné une pleine valise de vodka.La Supplication - Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse (1997)Citations de Svetlana Alexandrovna AlexievitchSvetlana Alexandrovna Alexievitch Les troupes russes vont-elles ou non quitter la Tchétchénie ? Mais elle nous a été enfin concédée. Et puisqu’il en était ainsi, nous nous foutions de ce qui se passait ailleurs que chez nous… Nous vivions dans notre monde illusoire… Tchernobyl ? Temporalités 22 (2015) Et on l’a pris. Un autre, qui ressemblait à un stylo, pouvait mesurer jusqu’à 200 röntgens. Nous avions tous fait des stages de défense civile. La radiation, nous l’avons vue dans cette maison abandonnée. J’envoyais des cartes, des chiffres à toutes les instances. Je pense : « Non, il faut les contourner. Les Fausses confidences de Marivaux. Plus personne. La maîtresse de maison sort une serviette brodée d’un coffre aussi vieux qu’elle et me la tend…. Vers midi, les choses se sont précisées : un nuage radioactif couvrait tout Minsk. Je l’ai cru. Vous vous souvenez de ce film où l’on tuait une vache ? Je n’ai donc pas vu comment on tuait des gens. Mais, dans ce cas, allez donc nettoyer l’asphalte ! « Ce n’est pas une plaisanterie, me répondit-on. Je n’avais pas envie de rester assis sur une chaise. C’est horrible. Sous le nuage radioactif… Le 29 avril, à 8h du matin, j’attendais déjà dans l’antichambre de Sliounkov. Je n’ai jamais éprouvé un tel sentiment, même pendant l’amour. Vous vous rendez compte de l’étendue de ce pouvoir illimité d’une personne sur quelqu’un d’autre. J’aimais la science-fiction. => Une évaluation de ce travail sera effectuée dès le premier jour. Nous avons parlé de la reine d’Angleterre et de la princesse Diana. Mes sentiments débordent tellement que je ne peux les maîtriser, ils me paralysent. Fiche d’ESH avec explications détaillées sur le principe du multiplicateur keynésien, pour les prépa HEC ou les lycéens. Notre Institut se trouve à la campagne et le temps printanier était merveilleux. On les mettait par-dessus le pantalon. Nous vivons dans un pays bien particulier… Je fermais toujours personnellement mon bureau. La direction demande des rapports sur l’avancement et le rythme des semailles. Je me suis levé. Le K.G.B. Près de Moguilev ! La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse. Au total, 450 types de radionucléides différents. Pourquoi je collecte tous ces détails ? La Supplication Svetlana Alexievitch Numilog EBook. D’autres ont cessé d’aller au marché et d’acheter du lait et de la viande, surtout du bœuf. Dans cette histoire, il n’y a pas de Russes ou d’Allemands. * Svetlana Alexievitch, La Supplication, Traduction Galia Ackerman et Pierre Lorrain, éditions J’ai lu L’essentiel, pour vous, est de lire attentivement ces 3 uvre s de sorte à en avoir une connaissance globale. « Mais à quoi ces crises d’hystérie, professeur ? La Supplication, Svetlana Alexievitch : «Des bribes de conversations me reviennent en mémoire... Quelqu'un m'exhorte :- Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Très méchante avec les yeux qui brillent, très noire…Nous te jurons que c’est vrai ! Je vous raconterai plutôt ce dont je me souviens… La panique des premiers jours : certains se sont rués vers les pharmacies pour y acheter des stocks d’iode. Avant, je n’avais jamais fait de photos. Vous n'êtes pas suicidaire. pas sur terre, mais dans un monde de rêves et de bavardages. Comment détruire, enterrer, transformer en déchets tout cela ? Nous étions très confiants, les vieux comme les jeunes. Le commandant allume un moniteur de télévision. raduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain. Nous n’éprouvons aucune crainte. Nous avons considéré que c’était notre devoir. Je lisais le livre d’un Américain qui expliquait comme on avait inventé la bombe atomique et procédé aux essais dont il donnait des détails. » Des arbres gris arrosés du liquide de désactivation. Je lui ai dit à voix basse ce qu’il fallait faire : « Ferme les fenêtres, mets tous les aliments dans des sacs en plastique. Je suis resté debout à la tribune pendant deux heures, sous ce soleil, sans chapeau, sans manteau. Nous avons passé la ligne. On buvait et on causait. Le soir, plus personne n’était sobre. Tous les appareils ont convenablement fonctionné. » Mais comment un physicien quelconque osait-il donner des leçons au Comité central ? Qui vous a donné la permission ? J’avais la certitude que, s’il s’était agi de quelque chose de grave, on nous aurait avertis. À titre personnel. La situation était dantesque. La grosse pointe du doigt quelque part… Une ombre surgit du demi-cercle sombre et devient un homme. Nous sommes responsables de tout, y compris des lois de la physique. Une commission est venue nous calmer. » Mais combien de vies ont-elles coûté ces félicitations ? L’histoire de l’atome n’est pas seulement un secret militaire, un mystère et une malédiction. Dès que j’ai mentionné l’accident, la liaison a été coupée par le K.G.B. leurs familles, comprennent que c’est du théâtre. Deux sont tombés malades, alors il s’en est trouvé un pour dire : « J’y vais ! Tout se confond dans ma mémoire, ce que j’ai lu et ce que j’ai vu…. L’Allemand en noir le frappe…Je me souviens d’un Italien grand et beau, qui chantait tout le temps… J’ai essayé d’écrire des scènes de guerre, mais rien n’en est sorti. Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche. Même les femmes étaient un peu soûles, surtout celles qui s’occupaient de traire les vaches… À Malinovka (dans le district de Tcherikovski), j’ai visité le jardin d’enfants. En fait, nous ne l’avons pas compris. On a demandé aux volontaires de faire un pas en avant. » (211) Sliounkov me répondit qu’on lui avait déjà fait un rapport, qu’il y avait bien eu un incendie, mais qu’il avait été maîtrisé. Qu’est-ce qui s’est ouvert en nous ? Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . L’intelligentsia locale. celles de Minsk… qui attendait celles de Moscou. Elle allait simplement chercher un bocal vide de trois litres qui était resté pendant deux ans accroché sur sa palissade. Une vieille femme est morte, chez nous. Il aurait fallu un changement psychologique. Le commandant était incapable de nous répondre. avec elle. Et nous, élevés sous Staline, ne pouvions pas admettre l’existence de forces surnaturelles. Et lui leur répond : « Eh oui, j’ai tout perdu, mais que de souris crevées ! Les enfants ordinaires, qui vivent dans (198) leurs familles, comprennent que c’est du théâtre. Hier, dans le trolley, un garçon a refusé de céder sa place à un vieillard et celui-ci le lui a reproché : « Qu’est-ce que tu diras quand tu seras vieux et qu’on ne te cèdera pas la place ? La catastrophe n’est compréhensible qu’à partir de la culture russe. Ma fille m’a dit récemment : « Maman, si j’accouche d’un bébé difforme, je l’aimerai quand même. Les gens continuaient à travailler comme si de rien était. Plus tard, nous avons compris : ils croyaient tout ce qui se passait sur la scène. Je le répète : c’est quelque chose qui (183) dépasse la Kolyma, Auschwitz et l’holocauste. Ces gens avaient la victoire. Mais c’était aussi un jeu, une fuite de la réalité. Lorsqu’ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des (215) vêtements de protection. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Les autres couleurs n’existent pas. Et l’enfant est né pendant le voyage, dans la charrette. La vie des paysans se déroulait en toute simplicité : les gens semaient et récoltaient. Pour eux nous étions des ennemis. Il fallait une autorisation spéciale, on confisquait les appareils. Elle est en terminale et elle a déjà des idées pareilles. Nous (202) fauchions de l’herbe à 40 curies. Ces plans prévoyaient d’avertir la population entière en quelques minutes et de l’évacuer dans la forêt, en zone sûre dès le déclenchement de la sirène…. On nous emmenait dans la région de Leningrad. D’ailleurs, on va tout nous voler ! L’éducatrice pleurait : « Ce n’est même pas la peine d’essayer. À cette époque, je travaillais à l’usine tout en suivant mes études par correspondance, à la faculté d’Histoire. Nous avons considéré que c’était notre devoir. Le dernier mois avant la démobilisation, on expédiera tout le monde sur le toit. » C’était une véritable épreuve. Svetlana Alexievitch, La supplication, paru à Moscou en 1997, traduit en français pour la première fois en 1998. Un soir, nous avons regardé par la fenêtre. À l’époque, j’étais premier secrétaire d’un comité de district du parti. Dans les premiers jours, j’ai pris ma fille et me suis ruée chez ma sœur, à Minsk ; elle ne nous pas laissées entrer chez elle parce qu’elle allaitait son bébé.