De ce fait, l’écriture s’avère être le lieu par excellence de l’inscription, le dépositaire de cette culture. ‎L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. En effet, dans … Une fois dans la chambre, il se transforme en serpent et la jeune fille en meurt. Zadi Zaourou l’a repris comme une métaphore de la quête poétique : comme le chasseur ou le féticheur mythique, le poète tente d’appréhender le monde dans une tentative à la fois démiurgique et imparfaite, qui révèle la grandeur et les limites de l’humain (AL, Soro). Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.14052, Analyse théorique de la littérature orale, Formes stylistiques de l’oralité et de l’écrit, Les épopées peules et leur dimension identitaire, Le conte, reflet des structures et valeurs sociales, Catalogue des 552 revues. Les poètes africains actualisent eux aussi les figures de l’oralité traditionnelle, tout en se réclamant d’influences occidentales ou plus contemporaines. L'art du verbe dans l'oralité africaine - E-Book - Ce livre expose les caractéristiques propres à ce mode de culture spécifique qu'est l'oralité africaine. Littérature orale et civilisation de l'oralité en Afrique : Quelques barrières à lever pour une approche objective de la culture africaine moderne. 15Par l’abondance des réflexions, la diversité des approches et la justesse des analyses, ces deux ouvrages forment une référence indispensable sur les littératures orales africaines. Unité mixte associant le CNRS et l’Institut national des langues et civilisations orientales, ce centre détient une place essentielle dans la recherche française. De nombreuses œuvres de la littérature contemporaine s’inspirent des épopées ou contes traditionnels et reprennent les procédés stylistiques de l’oralité. . Par exemple, une étudiante rencontre un homme riche qui la séduit et l’emmène à l’hôtel. Sur chacun de ces fragments, est résumé un proverbe par une série de signes et d’abréviations3. Dans le conte de Bilâli et l’oiseau insatiable, un jeune garçon a invité un petit oiseau à manger à sa guise. Les figures stylistiques dans lesquelles Parry et Lord voyaient la preuve d’une composition improvisée sont également celles qui facilitent la mémorisation. La femme serpent ne peut pas lui donner d’enfant et dévore ceux qu’il a avec ses co-épouses, aussi Jaak décide-t-il de la tuer. Elle aurait, à sa naissance notamment, trouvé en cette source patrimoniale l’un des ferments de sa spécificité identitaire. Ces épisodes sont accompagnés d’un paroxysme de l’intensité musicale qui montre leur caractère exceptionnel et transgressif (PN, Garnier). L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Dans les contes wolof ou lébou, l’initiation du héros s’accomplit fréquemment par la confrontation avec une figure monstrueuse. Cependant, l’influence de l’oralité sur les littératures d’Afrique noire pose aujourd’hui la question de sa redéfinition. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/14052  ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.14052, Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Contacts – Crédits – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. Dès lors, la meilleure façon de la préserver est d’encourager sa pratique et de soutenir les droits et conditions d’existence des groupes qui l’ont créée (PN, Baumgardt). L’oralité en tant qu’un trait distinctif de la littérature orale est très bien célébrée dans la littérature antillaise qui a pris sa source de la littérature africaine en raison historique. Ce récit présente certaines analogies avec la Chanson de Roland : Goumanel tue le neveu de Guelel qui refuse d’appeler à l’aide ; le récit s’achève comme les deux adversaires décident de faire la paix, suite à un long combat dans lequel aucun ne peut l’emporter. Comme les épopées orales, les contes reflètent les structures et valeurs sociales. Les contes présentent généralement un développement linéaire du récit ; les romans ont une construction plus variée, dans laquelle l’ouverture peut se faire in media res, la situation initiale ou le dénouement n’étant indiqués que de manière succincte. Alors que les structures du récit sont exactement les mêmes entre ces trois versions, le rôle des personnages revêt des significations distinctes qui reflètent des valeurs et préoccupations privilégiées par chaque société14. L’épopée du Fouladou relate la geste du héros Molô Egge qui dirige une révolte contre les Mandingues. 5Un objet incarne bien cette alliance entre mémoire et improvisation. L’oralité constituant le fondement même des sociétés africaines, l’écrivain africain se voit victime du poids d’une « hypoculture ». Sans pouvoir rendre justice à toutes les contributions, nous présentons une synthèse de leurs principaux enseignements qui portent sur la théorie de l’oralité, ses formes stylistiques ainsi que sur son inscription dans les sociétés africaines. Le conte traditionnel peut s’interpréter comme la nécessité de respecter les mystères de la personnalité ou de la sexualité de son conjoint ; dans la version contemporaine, l’image du serpent pourvoyeur d’argent apparaît comme la métaphore des modes d’enrichissement illégaux et des dangers auxquels ils exposent (AL, Zame Avezo’o). Nous ignorons son identité, mais la parole authentique, celle qui se partage n’a pas de visage. Sa mauvaise conduite devant les parents de sa fiancée l’empêche d’obtenir une épouse et signifie son échec à devenir un homme (AL, Leonelli). La parole donnée constitue le ressort narratif de plusieurs contes peuls. Lors des réjouissances publiques, le chanteur s’appuie sur cet objet pour soutenir sa mémoire et retrouver les histoires et récits qu’il relate (AL, Camara). Ces ouvrages honorent deux grands spécialistes de l’oralité africaine : Paroles Nomades ... ses formes stylistiques ainsi que sur son inscription dans les sociétés africaines. 13Dans les contes wolof ou lébou, l’initiation du héros s’accomplit fréquemment par la confrontation avec une figure monstrueuse. Une fois l’assemblée décrite, le barde relate la délibération, puis l’exécution de la décision, rapportant les épisodes selon un ordre logique. Le principal interprète en fut Guellaye, qui est mort en 1971. Deux différences séparent pourtant le conte traditionnel et la rumeur actuelle. Il a été reproché à ces auteurs par la nouvelle génération de forcer les écrivains « à jouer nègre » au nom et sous prétexte d’ une quelconque sagesse africaine, et cela même au mépris des règles étangibles de l’écriture. Le déclin de la société rurale traditionnelle et l’aggravation des difficultés économiques à partir des années 1980 semblent avoir entraîné une extension et une dérive de cette pratique, les enfants placés étant trop souvent déscolarisés et victimes de maltraitance. Autant de questions à se poser et auxquelles les réponses ne seront pas si faciles à donner. Analyse théorique de la littérature orale . À l’inverse, dans les contes plus contemporains, les petites bonnes sont maltraitées par les adultes qui les accueillent (PN, Ugochukwu)12. perd sa dimension professionnelle mais se trouve popularisé et renouvelé (PN, Ndiaye). Les hommes investissent dans les discours politiques et les proverbes, registres les mieux considérés qui permettent d’exprimer des talents d’orateur et de concentrer une sagesse ancestrale. À l’héritage de l’oralité africaine, son style réunit de multiples influences, parmi lesquelles les philosophes présocratiques, les poètes symbolistes, et les écrivains de la négritude. … Jugeant ce procédé trop complexe et trop systématique pour être le fait d’un auteur unique, Parry y a vu l’héritage de plusieurs générations d’aèdes qui ont, au fur et à mesure de leurs improvisations, sélectionné sans s’en rendre compte les épithètes les mieux adaptés à la prosodie. Loralité a donné une dimension exotique et innovante à la littérature francophone. Ces deux rôles se combinent même dans certains contes complexes comme celui de Jaak et son épouse serpent, (AL, Sega Touré). Au début des années 2000, circulait dans les villes du Gabon une série de légendes urbaines présentant des hommes-serpents ou femmes-serpents. Elle se lie d’amitié avec le renard qui lui révèle les connaissances ésotériques. Ces mutations ne seront pas sans conséquences sur les études consacrées à l’oralité Deux différences séparent pourtant le conte traditionnel et la rumeur actuelle. Sur le plan de la construction ou du rôle des personnages, la littérature écrite paraît également porteuse d’une plus grande complexité. Ainsi que dans la société qu’ils reflètent, la parole circule en respectant de strictes préséances. . 10 Dans le premier cycle, les personnages sont respectivement un jeune noble et son captif. En réalité, les données performatives qui sont fondamentales à la Dans les contes igbo du Nigeria, il est fréquent que le nom d’un personnage annonce ses qualités ou sa destinée. Recueillant et étudiant les chants des bardes serbo-croates, Parry et Lord ont fait du chant composé durant la performance le paradigme de la poésie orale : selon ce schéma, le récitant, loin de restituer de mémoire l’épopée qu’il délivre, recrée à chaque exécution un chant nouveau. Cette différence est attestée par la façon dont un même épisode se trouve traité par l’écrivain guinéen Camara Laye (1928-1980). L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Cependant, elles développent également la mémorisation et l’intériorisation des normes collectives puisque la seule réponse reconnue comme juste est celle fixée par la tradition9 (AL, Sié Alain). La littérature orale est particulièrement enracinée dans la société où elle s’inscrit. Au début des années 2000, circulait dans les villes du Gabon une série de légendes urbaines présentant des hommes-serpents ou femmes-serpents. 7Les poètes africains actualisent eux aussi les figures de l’oralité traditionnelle, tout en se réclamant d’influences occidentales ou plus contemporaines. Un objet incarne bien cette alliance entre mémoire et improvisation. La liste serait longue. 3 La corde est d’usage individuel, et les signes généralement intelligibles par le seul maître qui a construit sa corde. Copyright © 2013 Congopage.com Tous droits réservés. Ses travaux combinent enquêtes de terrain et analyse globale du fait linguistique, selon des approches d’ethnologie mais aussi de théorie littéraire, analyse linguistique ou stylistique. Les poètes bédouins procèdent de la sorte : ils composent des vers sans avoir à les retenir, disposant du concours d’assistants spécialement chargés de les mémoriser et de les rappeler à leur demande (PN, Casajus). Au Mali, le récit dogon de Yasama combine plusieurs fonctions. Baumgardt, Ursula & Derive, Jean (dir.). L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Paris, Karthala, 2005, 334 p. 1Ces deux ouvrages rassemblent des contributions qui ont été écrites pour la plupart par des membres du centre LLACAN (Langage, Langues et Cultures de l’Afrique noire). Au Nigeria, une série de contes igbo présente des enfants placés, reflétant la probable dégradation de cette pratique : les contes des années 1970 et 1980 montrent des familles rurales traditionnelles dans lesquelles l’enfant placé est traité comme les autres enfants. Le traitement romanesque diffère de la retranscription en ce que les descriptions sont plus développées et le lexique plus recherché (PN, Skattum). L’oralité a été convoquée dès l’origine par la critique comme l’un des critères d’approche privilégiés de la production littéraire africaine. Dans le chapitre suivant, Mme Baumgardt s’emploie à situer le champ de la littérature orale africaine dans les champs voisins de l’oralité seconde (texte oral répercuté sur une transcription), de la réécriture et de la néo-oralité. 9La littérature orale participe de ce que les linguistes ont qualifié de fonction conative, en ceci qu’elle vise à influencer le comportement des destinataires. L’inscription du conte dans le contexte culturel d’une communauté est bien illustrée par les variantes du conte de l’enfant à la flûte, qui se retrouve dans trois sociétés très différentes : chez les Sanan du Burkina Faso, aux Antilles et chez les Noirs marrons aluku de Guyane. D. Monofila - qui signe l’article ci-dessous - est un intervenant régulier de ce Blog. Qu’est-ce qu’on entend par Oralité ? Réflexion sur l’oralité, notre Villageois observe de très près l’évolution des lettres africaines. La musique accompagne le récit et participe à la construction du sens. – Paroles nomades, écrits d’ethnolinguistique africaine. Dans le conte traditionnel, les héroïnes ont le plus souvent la vie sauve, parce qu’elles demeurent intégrées et protégées par leur environnement social ; à l’inverse, dans la version contemporaine, la rencontre avec le serpent est généralement fatale, la jeune fille étant dépourvue de protection dans l’anonymat de la grande ville. Elle n’est plus à rechercher dans les écrits d’auteurs africains comme une aiguille dans un sac de foin et n’a plus pour baromètre le nombre de proverbes cités ou le « parler nègre banania » ! 9 Par exemple, à la devinette « Je l’ai frappé, il m’a frappé », la réponse retenue comme bonne est l’eau (parce qu’elle éclabousse quand on la tape). Les contes présentent généralement un développement linéaire du récit ; les romans ont une construction plus variée, dans laquelle l’ouverture peut se faire. (noté AL) à Jean Derive. Lord remarque que les procédés caractéristiques de l’oralité se prêtent particulièrement à l’improvisation. Cette différence est attestée par la façon dont un même épisode se trouve traité par l’écrivain guinéen Camara Laye (1928-1980). En outre, dans les contes, les personnages peu nombreux ont une fonction généralement univoque et explicite vis-à-vis du héros ; genre plus ample, le roman introduit davantage de personnages avec une présence qui peut être affirmée ou éparse, une position susceptible d’être nuancée (AL, Hoensch). Tuée par son mari, elle est vengée par son fils Amaseru qui ravage et conquiert les villages de la famille de son père. Selon les contes, la figure peut jouer vis-àvis du héros un rôle d’auxiliaire ou d’agresseur. « Il n’y a aucune dérogation à l’exigence de qualité », affirmait déjà Dominique Mondoloni à la tête de la rédaction de Notre Librairie. Entre le Sénégal et la Mauritanie, les pêcheurs pratiquent le, chant épique qui évoque la puissance des bêtes (hippopotames et crocodiles) et des divinités fluviales. Le poème D’éclairs et de foudres, publié en 1980, a ainsi pu être rapproché du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire7 (AL, Kobenan N’guettia). Le poème, , publié en 1980, a ainsi pu être rapproché du, (AL, Kobenan N’guettia). Le récit auquel donne son nom le génie Koumen est un récit d’initiation aux techniques pastorales, dans lequel le héros franchit douze clairières qui correspondent à autant d’étapes de son apprentissage. Au Mali, le récit dogon de Yasama combine plusieurs fonctions. Mais la référence à l oralité, comme trait culturel spécifiquement africain, a été aussi l objet d un enjeu non négligeable dans l histoire de la critique appliquée aux littératures écrites dans des langues européennes, lorsqu elles ont émergé de façon significative à partir des années cinquante. Le terme « littérature orale » désigne un genre très vaste et diversifié de textes standardisés par l’usage dans le temps. Les épopées du Jolof mettent en scène la vie des pasteurs. Sa mauvaise conduite devant les parents de sa fiancée l’empêche d’obtenir une épouse et signifie son échec à devenir un homme (AL, Leonelli). Dans les contes igbo du Nigeria, il est fréquent que le nom d’un personnage annonce ses qualités ou sa destinée. En 1970, il a entrepris la rédaction d’une thèse qu’il n’a pas achevée, . C’est aussi un récit de fondation qui présente l’origine de la divination par consultation du renard pâle et la naissance du héros guerrier et civilisateur Amaseru, le fils de Yasama (AL, Douyon)13. Le principal interprète en fut Guellaye, qui est mort en 1971. Dans cette optique, la critique africaine globale redéfinit la littérature africaine comprise comme objet d’étude en vue de tenir compte de la manière dont le texte africain s’inscrit dans un réseau de textes qui comprend l’ensemble de la littérature mondiale et des contre-littératures mais aussi les autres types de médias. Elle est un véritable outil pour donner toute son ampleur aux mots utilisés par ses auteurs. 1 L’anaphore est la répétition de vers commençant par les mêmes segments. Des observations similaires peuvent être faites en confrontant la version orale de l’épopée de, et sa transcription écrite, récemment publiée en peul, .